Dans la Sologne tranquille l'aube s'étire au soleil. Sur des accents de crépuscule, comme si le jour servait de parenthèses à la nuit, le soleil s'émerveille.
"Quel serait ton bonheur grand astre si tu n'avais pas ceux
que tu éclaires". J'entends le surhomme susurrer sa prière.
Dans la brume spongieuse, l'eau monte vers un nuage d'anges et
leurs ailes fondent à la lumière. Comme mon rêve, ils cèdent à la réalité.
La nuit n'est plus qu'un souvenir d'avenir car la nuit n'a pas honte de succéder
au jour de même que l'obscurité sert d'écrin à la lumière.
Elle reviendra la nuit et son cortège de chimères, elle reviendra
et m'emportera au pays d'avant l'évidence. : "Voyez les amis, la lumière
éclaire la route. Il nous suffit de marcher et quand la nuit tombe, il suffit
de dormir et d'attendre le jour."
Mais la nuit, il me plait à moi de croire que c'est la route qui
éclaire la lumière. C'est le rêve qui rend ridicule la réalité et la
réalité qui cède sa place au rêve. Il me plait de croire que ses sentiers
ne sont point battus, son herbe plus verte et ses vertus plus cachées. Il
me plaît de croire que la nuit, lointaine parente de la mort recèle plus de
connaissance que les livres diurnes.
Aout 95 Romorantin