Les
souvenirs comme les fleurs fanent. Mais certaines restent embaumées,
éternelles, du moins nous semble-t-il. Eternel est un mot sans chair. Quelques
souvenirs veillent en nos mémoires en secouant quelquefois leur pipe et
caressant leur chien. S'en iront-ils jamais ceux-là qui nous observent du haut
de notre jeunesse ? Ils s'en iront certes, lorsqu'ils n'auront plus de sens.
Tout souvenir n'associe que des éléments simples, qui considérés isolément, ne
sont que des prières anonymes. C'est leur combinaison, leur formule
particulière faite de temps et de sentiments qui les rend résistants à
l'entropie.
L'entropie
guette tous les souvenirs qui n'ont pas pour fonction d'entretenir nos
névroses. Seul l'oubli est universel. Ainsi nous ne gardons en nous que les
souvenirs qui justifient notre présent et parfois hypothétiquement notre futur.
Début 1997