Questionnaire établi par Raz Ohad dans le cadre d’une étude
universitaire sur l’éthique dans les arts martiaux
Réponses apportées Par Frantz Gacogne (février 2002)
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1 Comment décririez vous et définiriez vous l'éthique de arts
martiaux ?
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Une vision superficielle du sport indiquerait que les compétences
ou performances qu'on y acquiert, ne concernent que le corps ou mêmes certaines
parties du corps. Cette approche préliminaire n'est pas fausse mais bien
insuffisante à divers degrés dans les différentes disciplines sportives. S'il
est vrai que l'apprentissage d'une discipline sportive passe par l'acquisition
de performances physiques précises, on peut postuler que dans
beaucoup de disciplines, l'augmentation en diversité et en intensité des compétences
tend vers une compétence globale de la personne à une spécialité donnée.
Lorsque le sportif a intégré des principes globaux qui sous-tendent toutes les
techniques
particulières indispensables dans sa discipline, il atteint une
sorte de méta-connaissance qui implique la totalité de la personne, en sorte
que l'on peut dire que l'individu est modifié par les connaissances qu'il a
acquises. Cette méta-connaissance forme ce que j'appelle éthique. Il est dès
lors inévitable que
ces principes interviennent dans la vie quotidienne du sportif
comme de nouvelles méthodes d'analyse des situations et d'actions.
L'aïkido est l'un des rares art martial qui n'organise pas de
compétitions et qui élimine toute idée de comparaison entre les pratiquants. En
aïkido l'importance des performances physiques liées à la puissance ou à la
masse corporelle est marginalisée. L'éthique de l'aïkido est donc fondée sur
d'autres valeurs qui mettent en avant la notion de conscience. Conscience de
soi, conscience de l'autre, conscience de la communauté d'intérêt entre soi et
l'autre. La notion "d'autre" peut même déborder l'espèce humaine pour
intégrer le monde vivant dans son ensemble.
Le déroulement des exercices en aïkido est en soi une parabole :
l'adversaire que nous appelons partenaire, nous donne toute sa combativité avec
générosité, afin de nous exercer à répondre à une agression. La violence
offerte par le partenaire lors d'une attaque est considérée comme un outil de
progrès et non comme une belligérance. La connivence parfois mal interprétée
qui existe entre des partenaires en aïkido, n'a pas pour but d'entretenir une
fiction d'efficacité mais au contraire de créer un niveau difficulté ajusté aux
compétences réciproques afin de laisser place au progrès de chacun.
Enfin la finalité de l'aïkido n'est pas de fabriquer des
combattants, mais de développer des compétences relationnelles à travers des
exercices martiaux, lesquels mettent en scène des situations de conflit très
réalistes.
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2 Comment mettriez vous
en pratique l'éthique que vous venez de définir dans votre vie de tous les
jours ? Donnez un exemple si possible.
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Les possibilités de la mise en pratique de l'éthique aïkido sont
innombrables au quotidien. La situation la plus fréquente qui donne matière à
être "aïkido" est celle du conflit. Le conflit que l'on peut avoir
avec par exemple un employé des postes rétif à l'exécution d'une requête un peu
inhabituelle. La réaction ordinaire (spontanée) consiste à élever le ton,
devenir véhément, voire se mettre en colère, crier ... La conséquence de cette
réaction sera très probablement une attitude similaire et le résultat : deux
personnes frustrées, énervées, ayant gaspillé leur énergie en pure perte.
La réponse "aïkido" à une telle situation consiste à
adopter le point de vue de l'employé, à exprimer notre compréhension sur la
pénibilité de sa tâche et éventuellement sur l'originalité de notre requête. Le
succès n'est évidemment pas garanti mais quoiqu'il en soit, en restant
courtois, la frustration reste
limitée au lieu d 'être portée à son paroxysme. Bien sûr pour agir
ainsi sans tricher, c'est à dire sans faire semblant d'être conciliant ce qui
encore plus fatiguant que d'exprimer sa colère, il faut vraiment être sensible
à notre interlocuteur et à son stress. Il faut se débarrasser de l'idée que
l'agressivité des autres est tournée contre nous, et d'une manière générale
prendre conscience que toute agression est ressentie comme une souillure
et peut entraîner la honte. Ainsi la colère déclenchée par un
interlocuteur irascible n'est pas due à la menace réelle de son attitude, mais
à la blessure d'ego qu'entraîne cette contrariété. Quotidiennement il faut
veiller à ne pas rendre les autres responsables de nos colères mais prendre
conscience de l'origine des faiblesses personnelles stimulées par le conflit.
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3 Peux-t-on présumer que
l'éthique des arts martiaux entre en conflit avec la société moderne,
matérialiste et basée sur la compétition, comment gérer ce conflit ?
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Le conflit est lié à la vie. Toute vie s'exerce au sein
d'environnement compétitif. La société moderne est-elle plus ou moins basée sur
la compétition que par exemple la société médiévale ? Je ne me sens pas capable
d'y répondre. L'aïkido est une méthode économique de gestion du conflit. C'est
à dire que le
conflit y est considéré comme inévitable puisqu'on s'exerce à y
répondre. Mais je ne crois pas que l'on puisse dire que l'aïkido
"prêche" pour une société plus ou moins compétitive. En revanche
l'aïkido fournit les moyens de ne pas aggraver les conflits, de les rendre
constructifs au lieu que destructifs. On ne peut
qu'espérer que l'éthique aïkido se répande afin de réduire les
conséquences ruineuses des conflits basés sur l'élimination de l'ennemi.
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4 En tant qu'étudiant,
comment avez-vous acquis cette éthique, de quelle manière, à quel moment, sur
quels aspects étaient mis l’emphase ?
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C'est une question difficile car elle oriente sur une découverte
subite de principes ou de concepts. Or je crois plutôt que ces principes sont
le résultat d'une lente érosion de la personnalité par la pratique. Toutefois
je suis en mesure de rapporter la forte impression produite sur moi par
certains pratiquants expérimentés. Ils furent de parfaits miroirs de moi-même,
me renvoyant mes hésitations, mes contrariétés, mes forces et mes faiblesses
sans laisser leur propre ego interférer avec mes intentions et en conservant
une parfaite équanimité.
A leur contact j'ai appris, puis longtemps après, compris, que
l'on ne se mesure jamais qu'à soi-même. Et que c'est un leurre d'utiliser
l'autre comme aune de notre propre valeur. L'autre peut être un outil de
progrès mais pas un outil de mesure.
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5 En tant que professeur,
comment transmettez vous cette éthique à vos élèves ? La transmettez vous de la
même manière que vous l'avez reçue, faites-vous ressortir davantage certains
aspects et moins certains autres, ou de manière globale ?
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Les valeurs de l'éthique aïkido s'expriment comme des idéaux. Ces
idéaux définissent des intentions et des comportements très éloignés de ce que
l'éducation nous apprend. Les individus qui incarnent totalement ces idéaux
sont très rares et je ne saurais affirmer en connaître un seul. Je veux dire
que chaque professeur d'aïkido transmet à ses élèves la portion de ces idéaux
qu'il a personnellement intégré et ne peut qu'évoquer les vertus qu'il maîtrise
moins bien.
Aussi je ne pense pas transmettre à mes élèves l'éthique de
l'aïkido de la même manière que je l'ai reçu. Non que ce soit intentionnel, il
ne s'agit pas d'un choix opéré consciemment parmi les vertus de l'aïkido. Il
s'agit d'un contraste naturel qui s'est établit entre les notions que j'ai le
mieux mis en oeuvre et les autres. Et bien sûr ce contraste évoluera dans le
temps.
Toutefois, il me semble être un peu isolé dans la promotion d'une
vertu particulière qui à mon sens découle de celles déjà exprimées. Il s'agit
d'abandonner le principe de l'évaluation des actes par la morale, c'est à dire
sur une échelle qui va du bien au mal. De remplacer cette échelle d'évaluation
par une analyse et une perception du sens des actes auquel on entend apporter
une réponse. Aussi par exemple je n'empêche pas mes élèves d'avoir des
comportements non conformes à l'aïkido mais tentent de les amener à comprendre
la raison de leurs actes, et de leur faire prendre conscience des autres
résultats obtenus par une autre pratique. Il faut bien comprendre que
"bonne" ou "mauvaise" on ne contre jamais impunément une
énergie. C'est pourquoi détruire son adversaire est le pire choix. Mieux vaut
le convaincre de n'être pas un adversaire.
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6 Comment obtenez-vous
que vos élèves appliquent l'éthique de l'aïkido dans leur vie ?
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Je ne l'apprécie pas directement. Je ne me mêle pas d'ailleurs de
leur comportement en dehors de la pratique. Toutefois le comportement d'un
aïkidoka lors de l'entraînement est un reflet fidèle de son intégration des
principes. Dès lors qu'un aïkido a intégré des principes utiles à la pratique
il est difficilement concevable qu'il n'en découvre pas l'intérêt dans sa vie
quotidienne. Si tel est le cas on peut penser que l'intégration des principes
est encore trop ténue.
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7 Comment observez vous
que vos élèves ont assimilés les principes et les utilisent ?
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Lorsqu'on fait appel aux capacités d'improvisation d'un élève, on
mesure son autonomie, c'est à dire sa capacité à mettre en œuvre les principes
sans imiter une forme convenue d'avance. Ainsi on vérifie que l'acquisition des
principes est profonde et non superficielle.
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8 Supposons qu'un de vos élèves
ne respecte pas les principes. Comment réagissez-vous ? Tenez vous compte de
son âge, de son grade, ou de son comportement en général.
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Je prends bien sûr en considération le niveau d'un élève pour
apprécier son comportement et la mise en oeuvre des principes. L'aïkido étant
un chemin sur la découverte des principes, on ne peut attendre d'un débutant
qu'il ait intégré les principes. Le premier principe que l'on cherche à mettre
en oeuvre est toutefois la non-résistance, aussi j'interviendrais assez
systématiquement en cas de non respect de ce principe qui est nécessaire à tous
les exercices. Mon intervention sera basée sur la démonstration de
l'inefficacité de la résistance.
Pour un pratiquant avancé, mon intervention sera toujours formulée
comme une proposition et non comme une sanction. Je crois les principes de
l'aïkido assez pertinents pour être adoptés aussitôt qu'on a pris conscience de
leur efficacité. Mon rôle est donc un rôle de metteur en scène. Je montre, je
démontre et laisse chacun y prendre ce qu'il souhaite ou peut.
L'âge est aussi une donnée importante. Je crois les enfants
capable d'intégrer le principe de non résistance par exemple. Mais leur
éducation est totalement opposée à ce principe où le règne du plus fort est
toujours en vigueur. Les enfants sont fascinés par la force et la tout
puissance et il est inutile
d'aller contre cette conviction tant qu'ils n'acquièrent pas
d'eux-mêmes un début d'autonomie par rapport aux adultes. Cela n'empêche pas de
leur faire vivre ce principe par des exercices appropriés lesquels créeront des
précédents dans leur expérience et facilitera par la suite l'acquisition du
principe.
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9 Quel est le rapport
-s’il existe- entre l’entraînement physique et l'éthique.
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Mon choix, qui est aussi celui de mes professeurs et de ne
proposer aucun exercice physique sans avoir une intention claire du principe
mis en oeuvre. Aussi la relation entre les principes et leur traduction
physique est totale. Je dirais même qu'il ne s'agit pas d'un lien entre deux
entités mais d'une seule entité et de sa représentation physique.
Le principe de non-résistance par exemple qui est un principe
central, est présent dans toutes les techniques d'aïkido. La non résistance est
l'exact opposé de la résistance laquelle expose à un grave danger. Quand on
résiste, il faut s'assurer qu'on est plus fort et qu'on restera toujours le
plus fort. Car s'il on vainc un adversaire par la force, son humiliation
fournira l'énergie nécessaire à une autre attaque. Ce pari est donc extrêmement
risqué et souvent perdu d'avance, car une défaite entraîne toujours le vaincu
(ou ses enfants) à devenir plus fort.
Bien sûr, ne pas s'opposer est parfois difficile pour l'ego. Ne
pas résister comme si l'autre avait raison et que nous avions tort est
difficile. Car nous sommes éduqués à croire que c'est une attitude de perdant.
Alors d'autres principes plus profonds viennent résoudre ce problème. Lorsqu'on
exécute une technique d'aïkido sur un attaquant sans lui résister et que
finalement on
le maîtrise, ce n'est pas un triomphe : c'est une conciliation des
énergies. Ainsi la pratique physique enseigne d'abolir l'idée de triomphe et de
défaite. Il n'y a que des énergies, un jeu entre-elles, qui aboutit toujours à
un renforcement des deux parties.
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10 Imaginez que vous ayez
deux élèves du même âge, du même grade et qui ont débuté la pratique en même
temps. Imaginons alors que l'un d'eux ait une meilleur technique que l'autre ?
Supposerez-vous que sa compréhension des principes est également meilleure ? Si
oui, pourquoi ?
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Comme je l'ai expliqué en 9, les techniques sont des moyens de
mettre en évidence des principes. C'est à dire des outils pour découvrir,
s'exercer et maîtriser les principes fondateurs de l'aïkido. Aussi un bon
technicien a nécessairement acquis des principes. Toutefois les principes sont
nombreux et l’on peut acquérir ces principes en « ordre dispersé ».
C’est à dire qu’il est difficile de comparer deux pratiquants de niveaux
voisins car l’un peut exceller là où l’autre est faible et vice-versa. La
compétence en aïkido, surtout si on la considère sous l’angle des principes
n’est pas unidimensionnelle et les différentes
dimensions ne sont pas parcourues à la même vitesse par tous les pratiquants.
Donc à la réponse posée je ne peux répondre absolument par l’affirmative.
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11 Quels sont les facteurs
qui affectent la compréhension et la
mise en oeuvre des principes éthiques ? L'âge, le sexe, le grade,
l'assiduité à l'entraînement. Pourquoi ces facteurs sont-ils
décisifs ?
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L’âge est évidemment un facteur décisif. La problématique du
conflit, avec sa construction attaquant/défenseur par exemple est
incompréhensible pour les enfants de moins de 8/9 ans. Pour eux c’est
l’attaquant qui effectue la technique et qui «gagne». Cet exemple montre que le
déploiement des principes devra être adapté à l’âge des pratiquants. Parmi les
adultes, il est probable que les plus jeunes ont une certaine plasticité qui
les autorise à accueillir plus facilement des schémas de pensées nouveaux. Mais
à l’inverse, les plus vieux, ont acquis une expérience de la vie qui peut les
mettre spontanément sur la piste de certains principes.
Il est délicat d’affirmer que les sexes sont égaux devant
l’acquisition des principes de l’aïkido. Pour ma part, j’estime qu’il existe
des chances pour que les femmes présentent de meilleures dispositions à
l’acquisition des principes. La raison en serait une meilleure disposition à la
communication, une moindre tendance à promouvoir son ego, une considération
plus grande pour la vie. Mais cette observation empirique est fortement
contingentée par des considérations culturelles. Je ne saurais donc être formel
sur ce sujet controversé.
Le grade devrait être la résultante de l’acquisition des principes.
Je ne saurais le placer parmi les facteurs qui affectent leur acquisition.
L’assiduité est aussi un facteur déterminant pour des raisons qui
me paraissent évidentes. Même si un pratiquant présente des dispositions
favorables aux principes de l’aïkido, il lui reste quand même à les mettre
en oeuvre dans le contexte physique de la pratique. J’ajoute qu’à l’inverse, un
débutant dont la progression paraît fastidieuse peut connaître des
« effets de paliers » dans sa progression, c’est à dire être très
lent pendant 5 années puis subitement débloquer un obstacle et aller très vite.
Dans tous les cas c’est l’expérience qui conditionne les progrès.
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12 Dans quelle mesure les
évènements du 11 septembre ont-ils eu un
impact sur la compréhension des principes éthiques ?
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Je ne crois pas que ces évènements désastreux ont une quelconque
influence sur les principes. Les principes existent depuis longtemps en regard
des turpitudes humaines les plus inimaginables. Les évènements sont seulement
un exemple de plus de la pertinence des principes de non-violence, de
non-résistance, de communication, de la nécessité d’écouter avec compassion
toutes les suppliques et d’y répondre autrement que par la destruction. Ils
sont aussi l’illustration des conséquences de l’escalade de la violence. Je
crois que malheureusement les conditions sont réunies pour que cette escalade perdure
et j’y vois la réaffirmation de mon engagement à promouvoir les principes de
l’aïkido.
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13 Donnez si possible un
exemple de mise en pratique des
principes éthiques par vous ou un de vos élèves lors de la
pratique
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Il y quelques années l’un de mes élèves venait à mon cours pour y donner son propre cours. C’est à dire que pendant l’entraînement, il passait beaucoup de temps à corriger ses partenaires et pratiquait en fait assez peu car la parole occupait tout son temps.
J’étais fort ennuyé car il perturbait le cours en apportant un éclairage qui ne convenait pas à celui que j’avais choisi de lui donner. Par le flot continu d’indications qu’il donnait laissait peu d’espace à son partenaire pour s’exercer et enfin il ne s’exerçait pas du tout. Mais j’étais partagé entre l’idée que cette attitude révélait une sollicitude qui ne demandait qu’à s’exprimer et un ego qui s’impatientait d’être dans l’ombre.
Plutôt que de contrer cette énergie, j’ai choisi de l’encourager dans cette voie. Je lui ai conseillé de s’inscrire à l’école des enseignants d’aïkido et de donner libre cours à son penchant à la pédagogie.
Quelques années plus tard, je le rencontrai et il m’annonça avec fierté avoir obtenu un diplôme « grâce à moi ». Devant mon étonnement il expliqua : « je n'ai pas fait d'études, j’avais renoncé car je ne m'en croyais pas capable (il était à l’époque laveur de carreaux). Quand tu m'as suggéré de faire l'école des cadres cela m'a donné du courage, et comme j'ai réussi, j'ai continué à faire des études et maintenant j'entre à l'université ».
Cette anecdote m’a prouvé une fois de plus qu’il ne faut jamais
prendre ombrage de l’appétit des autres, de leurs désirs ni même de leurs
ambitions. Il faut rester bienveillant à leur égard, les encourager à réaliser
leurs vœux sauf si se sont des ambitions destructrices. Dans ce cas le plus sage
est de leur retirer notre concours.
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L'impunité de l'énergie
On ne peut empêcher une rivière de couler. Quelle que soit la
taille du barrage, il faudra toujours finir par laisser passer l'eau quelque
part. Il en va de même des énergies vivantes. On peut les canaliser, les
retarder, on ne peut les détruire. Il en va ainsi car les énergies vivantes ne
sont que l'expression
locale d'une raison profonde et universelle. Aussi l'être qui est
animé par elle sera remplacé par un autre s'il venait à disparaître. Donc
devant toute énergie, le jugement bon ou mauvais est sans intérêt. Il importe
juste d'en mesurer
l'intensité et de ne pas l'ignorer ni la contrer, mais de
l’accompagner.
Un regard sur la guerre : l’industrialisation des passions
Ce qui rend les conflits modernes particulièrement frappants c'est
leur mécanisation, leur sophistication technologique et leur efficacité
destructrice. Ce qui est singulier dans les conflits humains, ce sont les
fantasmes identitaires qui, s'ils permettent à un groupe d'hommes de développer
une solidarité à l'égard de leurs frères d’une race imaginaire, les poussent
aussi à nourrir à l'égard des "étrangers" une haine d'autant plus
destructrice qu'elle n'a pas besoin de provocation pour s'exercer. Il n'est pas
nécessaire d'être coupable d'avoir commis un acte, le fait d'être d'une autre
race, religion, culture suffit à établir la culpabilité.
Et les outils les plus stupéfiants d’intelligence sont mis au
service des pulsions les plus rudimentaires de l’homme. Notons bien d’ailleurs
que ce ne sont pas ceux qui construisent les outils de guerre qui s’en servent.
Il est donc certains que les desseins subtils et mercantiles des uns sont mis
en oeuvre par la haine ignorante des autres. L’aïkido est un ensemble
sophistiqué de techniques de combat qui n’est enseigné qu’accompagné des
principes de compassion et de bienveillance. Le principe d’intégrité fait qu’en
aïkido on assume soi-même les raisons et les moyens de sa propre violence.
L'aïkido ne prétend pas abolir les divisions culturelles que
l'histoire a construit mais au contraire prêche pour le respect des différences
en même temps que pour une solidarité du monde vivant.